Charlotte Dennery, Introduction au dossier
Édouard Geffray, Comment concilier protection des données privées, sécurité et innovation
Comment assurer la protection des données personnelles – donc des droits et libertés fondamentaux des personnes – tout en favorisant le développement de l’innovation et en répondant à des impératifs d’ordre public ? La question est plus que jamais au cœur de la régulation par la Cnil à l’ère numérique. Pourtant, les contradictions entre ces trois objectifs ne sont qu’apparentes. La protection des données personnelles apparaît en fait comme la condition de la confiance des individus, d’une part, dans l’économie numérique et, d’autre part, dans l’action des pouvoirs publics. Innovation, sécurité et protection des données vont donc de pair, à condition de prévoir les garanties appropriées. Le renouvellement profond du cadre juridique européen et national conforte cette approche.
Jean Donio, La protection des données dans la sphère privée
Dans un monde où les données personnelles sont digitalisées, organisées et facilement accessibles, ces données constituent une matière première précieuse pour l’économie numérique, et attirent les convoitises des marchands, des délinquants et des gouvernements. Protéger les données personnelles est devenu une nécessité difficile et complexe dans la pratique, car il n’y a pas de technologies de protection infaillibles. La valeur marchande des renseignements – ou simplement l’envie gratuite de vandalisme – crée un risque sérieux pour les utilisateurs et un domaine nouveau pour les assurances. Conscients de ce problème, nous n’avons d’autre choix que celui de nous adapter au risque plus ou moins protégé ou assuré, et d’exposer notre vie privée, et les données qu’elle concerne.
Patrick Thourot, La protection des données personnelles : nouvelle ligne Maginot ?
La société française n’est pas loin de la schizophrénie en matière de protection des données personnelles. La Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) nous assure de la mise sous bonne garde d’un numéro de sécurité sociale auquel nul, même le fisc, ne peut accéder, tandis que nous racontons notre vie quotidienne sur Facebook, adhérons à de multiples réseaux sociaux qui publient à travers la planète nos faits et gestes, nos mœurs, nos photos, nos achats, nos lieux de vacances. En revanche, les assureurs se voient notifier par la Cnil leurs droits restreints à l’accès aux secrets de leurs clients, sauf dans certains cas précis. Pendant ce temps, le cloud se charge chaque minute d’informations sur la vie quotidienne de chacun de nous, que nous communiquons à des tiers, comme Titus et Bérénice, « invitus invitam ». Encore que le collecteur de données sache peut-être ce qu’il en fera, ou au moins à qui il pourra les vendre. Cet article voudrait aider le lecteur à prendre conscience des réalités de la protection des données personnelles autour de trois thèmes : un contexte juridique en difficulté, une réalité technologique dévorante, un client à qui l’on demande trop peu son avis.
Antoine Lefébure, Les acteurs de la surveillance globale
La puissante agence de renseignement américaine NSA dispose de 60 000 fonctionnaires et d’un budget de près de 100 milliards de dollars. Son influence, y compris sur la France, est considérable.
Ronan Le Moal, Assurer ou prévenir les risques
Lorsque l’on évoque la question des données dans l’assurance, on pense immédiatement risque d’intrusion dans la vie privée, protection de son patrimoine « digital ». Pour autant, la vraie question n’est-elle pas celle de la valeur que l’assureur peut délivrer à son client via une utilisation intelligente des données qu’il détient ?
Pierre-Charles Pradier, Données personnelles en libre-service : mode d’emploi
Les traces de nos pérégrinations sur Internet peuvent être rassemblées pour constituer un « journal » très documenté, lequel intéresse les services de renseignement, les départements mercatiques d’entreprises qui ne s’embarrasseraient pas d’observance réglementaire, mais aussi, et de manière complètement légale, des instituts de sondage d’un genre nouveau et enfin tous ceux qui s’emploient à lutter contre la fraude aux services en ligne. Reste que si cette consolidation des informations relatives à la vie privée ne pose pas de problème lorsqu’elle reste anonyme, ou dans le cadre d’une enquête judiciaire, on peut néanmoins s’interroger sur la banalisation des usages préventifs de ces techniques… et chercher à s’en protéger.
Philippe Lemoine, Big data, libertés et assurance
C’est écrit ! Là-haut… Dans le cloud… Un certain langage sur le big data pourrait conduire à penser que la liberté humaine n’éclaire plus le chemin et que notre destin relèverait à nouveau des dieux, des datas et des algorithmes. Que pouvons-nous faire pour en revenir à une vision plus instrumentale de la technologie et redonner de l’air à nos capacités de penser, de débattre, de choisir et d’agir par nous-même ?