Franck Le Vallois et José Bardaji, La gestion du risque climatique nécessite le concours de tous
Au cours des quarante dernières années, le régime des Catastrophes Naturelles a démontré à de multiples reprises son utilité et son efficacité pour venir en aide aux Français sinistrés par un événement climatique de grande ampleur. Connu et reconnu, il fait toutefois l’objet d’un équilibre économique chancelant depuis plusieurs années en raison du dérèglement climatique qui se traduit par des sinistres plus fréquents et plus sévères. A court terme, il s’agit de revoir le taux de surprime CatNat afin de retrouver une situation d’équilibre, inobservé depuis 2015. À moyen et long terme, il faudrait changer de braquet sur le front de la prévention pour limiter la dynamique de la sinistralité, d’abord au bénéfice de tous les Français. Et, quel que soit l’horizon de temps, le concours de tous est indispensable pour répondre à ce qui se dessine comme étant l’un des principaux défis du XXI siècle.
Yvette Veyret et Richard Laganier, Sécheresse et risques : retrait, gonflement des argiles et incendies de forêt
La sécheresse qui présente plusieurs aspects, a lors d’épisodes multiples affecté la vie des Français au fil de l’histoire. Ce n’est donc pas un processus nouveau mais son intensité, sa durée et son temps de retour peuvent être modifiés et probablement accrus en relation avec le changement climatique. Les épisodes de sécheresse ont de nombreux effets qui touchent les différents domaines économiques (distribution d’eau potable, agriculture, élevage, industrie, tourisme…), leurs conséquences en termes de risques demandent à être rappelées (risque de type « retrait-gonflement des argiles » et incendies). Ces épisodes qui pourraient s’aggraver dans le futur nécessitent de nouvelles manières de construire et d’aménager le territoire, de nouvelles pratiques face au danger.
Sébastien Gourdier et Bastien Colas, Cartographie des sols sensibles au retrait-gonflement des argiles : vers une carte dynamique du risque
L’ampleur du phénomène de retrait-gonflement des sols argileux (RGA) à la fin des années 1990 a incité le ministère en charge de l’environnement à confier au Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM) un programme national de cartographie de l’aléa retrait-gonflement, mené entre 2000 et 2010. En 2018, l’article 68 de la loi Elan a renforcé le dispositif de prévention du RGA. Pour accompagner sa mise en œuvre, le BRGM et la Mission Risques Naturels (MRN) ont produit la carte d’exposition au RGA, actuellement en vigueur et consultable sur le portail Géorisques.
Lamine Ighil Ameur, Prévention sécheresse : une priorité pour sauver le bâti exposé au RGA et une politique à développer pour le neuf
Depuis 2015, la France métropolitaine connaît des sécheresses de plus en plus intenses, fréquentes sur des périodes plus longues, imputables au changement climatique. En 2022, la France a connu pour la sixième fois en dix ans une sécheresse de grande ampleur dont le coût est aujourd’hui estimé entre 2,4 et 2,9 milliards d’euros et déjà près de 4 000 communes sont reconnues CatNat sécheresse. Le Cerema analyse depuis 2016 l’évolution du phénomène de retrait-gonflement des sols argileux (RGA), développe de nouvelles solutions d’adaptation du bâti exposé et contribue à la sensibilisation et la prévention du risque sécheresse.
Léa Thorel, Sarah Gérin-Chassang et Lilian Pugnet, Adaptation des maisons individuelles face au risque RGA : quels outils opérationnels ?
Le retrait-gonflement des argiles (RGA) occupe une part de plus en plus importante de la sinistralité liée aux événements climatiques. Il est en passe de devenir le péril le plus coûteux du régime des catastrophes naturelles (CatNat). Ce phénomène, directement lié à des épisodes de sécheresse, engendre des dommages principalement sur les maisons individuelles. Avec 3,3 millions de maisons individuelles concernées par un risque RGA fort en métropole (SDES, 2021), il devient urgent d’établir une véritable stratégie nationale de prévention du risque RGA. Elle doit s’appuyer sur des outils opérationnels comme il en existe depuis plus de vingt ans pour la prévention du risque inondation. Cet article présente un outil de diagnostic spécifique au RGA visant à favoriser l’adaptation des bâtiments et ainsi stabiliser à court terme, et réduire à moyen terme, le coût des dommages liés à ce risque.
Antoine Quantin, L’indemnisation de la sécheresse géotechnique
La sécheresse géotechnique est un péril complexe et atypique, relevant de l’assurance construction pour les bâtiments de moins de dix ans et du régime CatNat pour les bâtiments plus anciens, dès lors que la sécheresse est la cause déterminante des dommages. L’indemnisation de ce phénomène au sein du régime est justifiée dès lors que l’on couvre des événements d’intensité anormale. Du fait des effets du changement climatique, le poids de ce péril dans la sinistralité est de plus en plus important et met le régime CatNat en tension. Afin de préserver l’équilibre du régime, mécanisme essentiel pour assurer la résilience du territoire national et de l’économie face aux catastrophes naturelles, plusieurs préconisations sont détaillées : la nécessaire poursuite des travaux sur la connaissance de ce péril ; le développement de la prévention, puissant levier pour limiter la hausse de la sinistralité et préserver l’assurabilité des biens exposés, mais qui ne produira ses effets qu’à moyen et long terme ; le retour aux principes originels du régime CatNat, pour ne couvrir que des événements réellement exceptionnels, les événements de moindre intensité pouvant être traités par la prévention ; la révision du financement du régime CatNat pour assurer son équilibre, notamment en réhaussant le taux de surprime CatNat.
Louis Bollaert et Maxime de Ravignan, L’assurance paramétrique : innover dans les mécanismes de transfert des risques climatiques pour maximiser la résilience
Nous le savons tous, les scientifiques prévoient une intensification des phénomènes météorologiques extrêmes due au changement climatique et l’assurance traditionnelle paraît bien seule et parfois démunie pour modéliser ces risques et donc pour lutter contre ce bouleversement déjà en marche. L’émergence de l’assurance paramétrique – dont la spécificité est de faire dépendre le déclenchement de l’indemnisation de l’atteinte d’un paramètre précis préalablement défini – doit alors être vue comme une solution innovante permettant aux entreprises et aux gouvernements de se protéger efficacement contre de nombreux aléas climatiques tels que la sécheresse, les inondations et la grêle, parmi bien d’autres.
Clément Billoré et Jean-Baptiste du Chazaud, Facture climatique et retournement du marché de la réassurance
L’année 2022 aura marqué les esprits à plusieurs titres. En France, les grêles de mai et juin 2022 ont entrainé des dégâts considérables tant en dommages aux biens qu’en dommages aux véhicules. Au-delà de la grêle, l’année 2022 est une année record en termes de sécheresse. Avec un déficit pluviométrique record de 25 %, 2022 se classe au 2 rang des années les moins arrosées depuis le début des mesures en 1959 selon Météo France. Au niveau mondial, nous atteignons une année record également avec plus de 135 milliards de dollars de dommages assurés dont 48 milliards au titre de l’ouragan Ian. A ces phénomènes climatiques extrêmes se sont ajoutées la guerre en Ukraine et des faiblesses persistantes sur les chaînes d’approvisionnement mondiales. Nous assistons depuis à une forte inflation et à une remontée brutale des taux d’intérêt qui rendent l’environnement financier particulièrement instable et incertain.
La combinaison de ces évènements d’origines multiples a entraîné une tension sur le marché de la réassurance que nous n’avions pas connue en France depuis les tempêtes Lothar et Martin de 1999 et le sinistre du World Trade Center en 2001. Le marché de la réassurance a connu des redressements tarifaires importants et de fortes restructurations des couvertures de réassurance des cédantes sur le marché français.
Stéphan Fangue, Prévention du risque sécheresse : trouver ensemble des solutions nouvelles
Stephan Fangue est actuaire, membre du Comité Exécutif de Generali France, en charge de la technique assurancielle et supervise à ce titre l’activité du Generali Climate Lab. Face à l’urgence climatique et à l’accélération du risque de retrait gonflement des sols argileux qui menace 50 % du parc de maisons individuelles en France, il lance un plaidoyer pour que les assureurs s’efforcent de trouver ensemble des solutions de prévention efficientes pour éviter une dérive certaine du coût des dommages.