L’État et les risques : vers une nouvelle donne ? – Gilles de Margerie
De quels risques l’État doit-il assumer la responsabilité ? Et comment peut-il s’y prendre ? L’interrogation est classique. Mais les sujets se renouvellent ; risques cyber, pandémies, nouveaux risques climatiques… Les grandes familles de risques doivent être cartographiées, et, surtout, leur interdépendance croissante explicitement prise en compte. C’est l’objet des démarches d’évaluation nationale des risques qu’adoptent certains pays, dont la France pourrait s’inspirer.
Une mémoire pour comprendre les vulnérabilités contemporaines – Emmanuel Garnier
La presse a amplement évoqué les alertes des assureurs à propos de la sinistralité croissante due aux catastrophes climatiques, certains allant même jusqu’à parler du risque de ne pouvoir indemniser les futures victimes. Si le changement climatique constitue un puissant facteur de sinistralité, l’historien des risques constate aussi combien la vulnérabilité a augmenté au cours des dernières années. Paradoxe de taille, elle s’est amplifiée alors même que la connaissance sur le changement climatique et ses risques se diffusait dans la société française.
Le risque climatique : comprendre et s’adapter – Dr Christelle Castet, Dr Gregory Seiller, Dr Luiz Galizia
Le risque climatique physique englobe les conséquences négatives des aléas climatiques sur les communautés et les entreprises. Ce risque prend en compte les interactions entre les aléas liés au climat et à son évolution, l’exposition, la vulnérabilité des systèmes humains ou écologiques et la réponse apportée [IPCC, 2022]. Le risque climatique physique se manifeste de manière aiguë à travers des aléas météorologiques extrêmes ou chronique par des évolutions progressives à long terme. Le changement climatique augmente l’intensité et/ou la fréquence de ces aléas, ils se produisent aussi de manière plus rapprochée ou simultanément sur une ou plusieurs régions (événements composites). L’évolution des risques climatiques créent de nouvelles sources de vulnérabilité et aggravent les impacts, dépassant notre capacité de réponse. La compréhension des risques climatiques est essentielle pour élaborer des stratégies d’adaptation et d’atténuation efficaces.
Réassurer le risque climatique : le point de vue du réassureur – Henry Bovy, Marie-Laure Fandeur
L’atmosphère influence le climat. C’est un système dynamique extrêmement complexe générant occasionnellement des évènements climatiques majeurs qui ont des impacts conséquents sur les sociétés humaines. Ces impacts sont caractérisés généralement par un dommage sur le bâti et les infrastructures. La suite de l’exposé se concentre sur les dommages aux biens qui sont la cause principale de la sinistralité dans le domaine de l’assurance. D’autres types de dommages se produisent lors d’évènements exceptionnels (vie humaine, dommage immatériel, interruption d’activité, dommage sur les récoltes) mais ne font pas l’objet de cet exposé par la suite.
Investissements durables : au-delà d’une approche fondée sur la gestion des risques – Matthias Seewald, Lidia Labertrande
Alors que le dérèglement climatique s’accélère, les propriétaires d’actifs se doivent d’intégrer de façon croissante les enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans leurs processus d’investissement. Partant d’une approche fondée sur la réduction des risques et de l’empreinte carbone, la prise en compte de l’ESG devient multiforme et apporte de nouvelles opportunités.
Risque climatique : les assureurs adaptent leurs investissements – Jean-Pierre Grimaud
Les assureurs français, avec un peu plus de 2 600 milliards d’euros d’actifs de placements, ont un rôle crucial à jouer dans le financement de la transition énergétique. En 2017, 10 % de leurs placements sont dans des secteurs sensibles au risque de transition. Une enquête de l’ACPR de 20191 montre que le consensus sur la définition du risque climatique existe, mais que les outils et méthodes des assureurs restent hétérogènes dans l’appréciation de leurs politiques d’investissement. Les risques de changement climatique, tels que le risque physique, de transition et de responsabilité, sont connus des assureurs, mais les multiples dimensions du changement climatique nécessitent des adaptations nouvelles.
Risque climatique, double matérialité et résilience des actifs – Michèle Lacroix
Le risque climatique fait partie du métier des assureurs et des réassureurs qui l’utilisent comme « matière première », notamment dans le cadre de leur activité de couverture contre les catastrophes naturelles. Jusqu’à une période récente, il est resté cantonné au cercle fermé des experts de la modélisation et de la tarification des risques. Le risque de changement climatique apporte une dimension nouvelle à l’ensemble des activités des (ré)assureurs. Il constitue notamment une nouveauté majeure pour les gestionnaires d’actifs. Mis en avant dès 2015 en France grâce à l’article 173 de la loi pour la transition énergétique et la croissance verte, il a fait l’objet, depuis, de multiples développements.
Les bancassureurs face au risque climatique – Jérôme Grivet
Face à la montée en puissance des risques climatiques, le Crédit Agricole, banque universelle, est exposé à plusieurs titres : banquier, assureur, investisseur pour compte propre ou pour compte de tiers. Si l’appréhension des risques encourus par le Groupe et surtout par ses clients est une nécessité, elle ne suffit pas à résumer la démarche volontariste du Crédit Agricole, qui joue un rôle moteur pour accélérer le développement des énergies renouvelables, accompagner le plus grand nombre dans la transition et assurer la nécessaire sortie des énergies fossiles.
Montée des risques, assurabilité et conditions de l’adaptation – Thomas Buberl
La tournure d’esprit de l’assureur le porte à être réaliste, à ne céder ni au catastrophisme, ni à l’optimisme béat. Enracinés dans le présent, nous regardons vers l’avenir avec les instruments d’observation que nous donne le passé : des sinistres d’hier on déduit les risques de demain. C’est pourquoi nous sommes, depuis toujours, si sensibles aux grandes évolutions macro qui affectent l’environnement économique, politique, social et désormais environnemental.
Assurer le risque climatique : le défi des prochaines décennies – Thierry Derez
À l’échelle mondiale, la décennie 2011-2020 est considérée comme la plus chaude jamais observée par la communauté scientifique. Désormais sans équivoque, le changement climatique a d’ores et déjà fait évoluer les risques auxquels les Français sont exposés, dans toutes leurs dimensions. Avec pour conséquence une dérive de la sinistralité qu’il faudra réussir à endiguer, afin de pouvoir continuer à proposer durablement des garanties d’assurance à un prix accessible.
Le juste prix : respecter les limites de l’assurabilité – Ludovic Subran
Les craintes liées au dérèglement climatique et à l’augmentation des demandes d’indemnisation soulèvent la question d’une assurance abordable contre les risques naturels. D’un point de vue théorique, leur assurabilité est en effet discutable. Trois lignes de défense peuvent néanmoins déplacer les limites de l’assurabilité : l’atténuation et la prévention des risques aux niveaux macro et microéconomiques, les partenariats public-privés et, surtout, l’adaptation des primes aux risques, sans quoi l’exposition aux risques ne fera qu’augmenter. Dans un tel contexte, les primes d’assurance subventionnées s’avèrent contre-productives. Si les limites de l’assurabilité peuvent être déplacées, elles ne peuvent cependant pas être supprimées.
Réponse à l’urgence climatique : opportunités et risques pour le monde de la finance – Thierry Langreney
L’évaluation par la United Nations Framework Convention on Climate Change (UNFCCC) des progrès accomplis en direction des objectifs de l’Accord de Paris, publiée le 8 septembre 2023, confirme que nous tous, dans tous les secteurs, sur toutes les géographies, devons rehausser sans délai notre mobilisation pour relever, par une véritable révolution universelle, le défi de l’urgence climatique. Cette urgence exige plus d’efforts d’atténuation et d‘adaptation.
Risques climatiques : va-t-on vers une France inassurable ? – Philippe Michel Labrosse
Le modèle assurantiel français est remis en cause par la fréquence accrue et l’intensification des événements climatiques. Inondations, tempêtes, grêle, sécheresse, incendie frappent de plus en plus souvent l’ensemble de l’Hexagone, de façon extrême, générant des dégâts de plus en plus importants. Cette situation impacte fortement la charge sinistre des assureurs dommage. Face aux conséquences de ce dérèglement climatique, il existe des solutions pour atténuer le choc et éviter une fracture entre des zones devenues presque inassurables et des zones moins exposées. Pour cela, les acteurs publics, privés et particuliers doivent travailler davantage ensemble et consolider durablement les dispositifs de financement de couverture des risques extrêmes. En menant des actions de prévention, ils doivent également développer une véritable culture du risque parmi nos concitoyens. L’objectif est de faire perdurer la mission première de l’assurance : protéger.
Les conditions de l’assurabilité des risques climatiques – Jérôme Haegeli
L’assurabilité des risques climatiques : une question que l’on peut se poser, alors que les assureurs de certains pays abandonnent la couverture des risques naturels liés au climat. Oui, les risques climatiques sont assurables, mais certaines actions doivent être mises en oeuvre pour que cela perdure. L’évaluation des risques climatiques nécessite de prendre en compte de nombreuses variables liées à l’évolution du paysage des risques et, à cette fin, une approche d’évaluation plus globale est nécessaire, notamment en optimisant le potentiel de la technologie numérique tout au long de la chaîne de valeur de l’assurance. Les assureurs peuvent également contribuer à maintenir les risques climatiques assurables en participant au financement des infrastructures d’atténuation et en sensibilisant aux risques et aux options d’adaptation, de sorte que les pertes économiques totales résultant d’un événement climatique soient contenues.
Le risque climatique est-il assurable ? – Pascal Demurger
Le risque climatique est-il encore assurable ? Cette question à première vue technique dépasse en réalité largement le cadre de l’assurance. Ce qui se joue fondamentalement ici, c’est la nature de la réponse que nos sociétés vont être capables d’apporter face à une menace existentielle. A l’heure de l’urgence climatique et de sa matérialisation brutale dans nos existences, le choix n’est pas seulement paramétrique, mais bien systémique, voire politique. Continuer d’assurer des personnes, des habitations, des véhicules, des commerces, des projets industriels, des collectivités, des territoires quand la planète se dérègle ne dépend pas de calculs, mais de choix de société. Confrontation ou mutualisation ? Chacun pour soi ou coopération ? C’est ce qui se joue avec la question de l’assurabilité du risque climatique.
L’intérêt de l’assurance paramétrique – Sébastien Piguet
L’assurance paramétrique a un rôle important pour préserver l’assurabilité des risques naturels à l’heure du dérèglement climatique. Elle permet d’atténuer les dommages causés par les catastrophes naturelles, en réduisant les coûts de gestion des sinistres et les surcoûts liés aux délais de paiement, tout en assurant la solvabilité des porteurs de risque. Elle repose sur l’utilisation de technologies de pointe, de la collecte des données (satellites, radar, objets connectés) à la modélisation (combinaison de modèles statistiques, physiques et d’intelligence artificielle).
Les risques climatiques et leurs impacts sur la crise de la biodiversité – Harmender Kalirai, Henri Douche
Ouragan en Floride, sècheresse au Brésil, tempête en Europe, pour le monde de l’assurance, les risques climatiques sont souvent associés à leurs impacts directs sur les biens, productions et activités humaines. Mais il est d’autres impacts moins évidents mais tout aussi réels, ce sont les impacts de ces grands risques climatiques sur les écosystèmes planétaires qui ne sont pas sans conséquences pour les sociétés et le monde de l’assurance. Globalement nous assistons à une prise de conscience collective de l’importance de la crise écologique et de son intrication avec le changement climatique. À la fois conséquence et aussi cause, alimentant les phénomènes climatiques extrêmes et perdant leurs effets tampons, les écosystèmes et par là même les services qu’ils fournissent, sont un élément clef du problème et de la solution.