Sophie Boissard, Vieillir dans la société du « grand âge »
La décennie 2020-2030 amorce un changement inédit à l’échelle de l’histoire humaine : notre société devient celle du « grand âge », dans laquelle les seniors – entendus comme les plus de 65 ans – vont représenter une part plus importante que les moins de vingt ans (respectivement 21,3 % et 23,5 % aujourd’hui ; respectivement 25 % et 22,4 % en 2030 ). Au-delà du débat sur le financement des régimes de retraite et de la dépendance et, plus largement, de la solidarité intergénérationnelle, il faut maintenant prendre la pleine mesure de toutes les conséquences de ces nouveaux équilibres démographiques, en termes de politiques de santé, de solidarité familiale, d’aménagement du territoire et d’urbanisme ou encore d’emploi.
Hervé Le Bras, Territoires du vieillissement
Le vieillissement est en général traité au niveau national puisque l’Etat centralise les taxes et la redistribution. Or le vieillissement soulève aussi des problèmes locaux. On montre ici que la répartition territoriale des personnes âgées ne correspond pas à celle du personnel de la santé ni aux besoins des personnes isolées. Les raisons en sont historiques et sociales : migrations vers le Sud des retraités aisés, persistance des structures familiales traditionnelles notamment. L’article termine par l’examen d’une conséquence inattendue de la localisation et des migrations des retraités : la progression des revenus médians, donc du développement de l’économie locale.
Alain Villemeur, Le choc du vieillissement est-il financièrement soutenable ?
Les nombreuses générations du baby-boom vont arriver au grand âge dès cette décennie. Ce choc du vieillissement va se traduire par une hausse majeure des dépenses pour les retraites, la santé et la perte d’autonomie, risquant de susciter à terme un conflit intergénérationnel entre les jeunes et les retraités. Ce choc pourrait être surmonté par d’ambitieuses politiques renforçant l’insertion des jeunes et leurs compétences, améliorant la santé des actifs, augmentant le taux d’emploi des seniors, mais incluant aussi un effort exceptionnel en faveur de la perte d’autonomie.
Mathieu Noguès, Améliorer l’espérance de vie en bonne santé et en réduire les inégalités
Vieillir ne suffit plus, encore faut-il le faire en bonne santé ! Plus animés que jamais, les débats autour de l’espérance de vie en bonne santé sont difficilement lisibles tant les données sur le sujet sont nombreuses et, parfois, trompeuses. D’autant qu’elles cachent des inégalités considérables en fonction du genre, des parcours de vie et de la durée à la retraite passée en bonne santé. Agir pour améliorer l’espérance de vie et réduire ces inégalités demande de profondes évolutions et des mesures ambitieuses. Les travaux menés par la chaire « Transitions démographiques, transitions économiques » (TDTE) montrent comment lutter contre la sédentarité et le stress lors de la vie active et encourager la pratique d’activités socialisées par les seniors, deux principaux leviers dont nous disposons pour offrir une réponse directe et efficace dans la quête d’une longévité en bonne santé.
Stéphane Pénet, Généraliser l’assurance dépendance pour la rendre plus accessible
Le vieillissement de la population pose de nombreux défis collectifs. Les débats actuels sur les retraites et la santé sont au cœur de cette question. Le thème de la dépendance liée à l’âge semble quant à lui faire des allers-retours dans le débat public. Aucune solution pérenne ne surgit pour autant alors que les enjeux sont déjà immenses et ne cessent de croître année après année. Les assureurs, en s’appuyant sur leur savoir-faire de gestion de ce risque, ont rendu publique une proposition de généralisation de la couverture dépendance. Cette initiative est concrète, financée et répond aux attentes des Français de plus en plus sensibilisés à ce risque.
Christine Abrossimov, Le plan triennal antichute des personnes âgées
Chaque année, 136 000 personnes âgées sont hospitalisées pour cause de chute et 10 000 en décèdent. Afin d’enrayer ce fléau, d’anticiper et de mieux accompagner le vieillissement de la population, le gouvernement a décidé de mettre en place une politique de lutte contre les chutes des personnes âgées avec pour objectif de réduire de 20 % d’ici trois ans la morbidité et la mortalité des personnes de plus de 65 ans dues aux chutes. Cet article développe les raisons sanitaires et sociales qui ont conduit à ce plan et les actions menées dans le cadre du plan triennal antichute des personnes âgées, au niveau national comme au niveau local.
Hélène Jacquemont, Alzheimer n’est pas une fatalité
La révolution de l’âge constitue une mutation démographique et sociétale majeure dont nous sommes loin d’avoir encore pris toute la mesure. Et même si beaucoup d’entre nous vieilliront sans développer de troubles cognitifs, nous savons aussi que le nombre de personnes âgées atteintes de « troubles neurocognitifs » va augmenter de manière significative. Elles pourraient, selon Santé publique France, être 1,75 million dans dix ans à peine. Nous allons devoir vivre durablement avec Alzheimer. Comment faire en sorte que d’ici à 2030 nous ayons organisé la prévention des syndromes démentiels, amélioré l’accompagnement de la maladie d’Alzheimer, et bâti une société véritablement inclusive à l’égard des personnes en situation de handicap cognitif et de leurs proches ?
Thierry Pujol et Carlos Pardo, L’évaluation d’un viager, méthode et enjeux
Les viagers sont souvent mal valorisés, faute de prendre en compte le rôle des taux d’intérêt et d’évaluer correctement l’espérance de vie des crédirentiers. Le développement du marché du viager passe donc par l’adoption de techniques de valorisation modernes, bien connues des actuaires. Cette technicité et la durée des engagements viagers militent pour un rôle accru sur ce marché d’investisseurs au passif long, tels que les sociétés d’assurance.