Philippe Trainar, Introduction au dossier
Joëlle Toledano, La chaîne de blocs, un nouveau modèle économique
Interview
Alexis Collomb, L’impact de la technologie blockchain sur l’industrie financière
Si l’on considère le premier écosystème de blockchain, celui de Bitcoin, le papier séminal de Satoshi Nakamoto sur son protocole était porteur d’une promesse qui trouvait un écho particulièrement favorable auprès de tous ceux qui tenaient les banques pour responsables de la crise financière : il allait être possible de désintermédier les institutions financières et autres tiers de confiance ! C’était, pour certains, la fin annoncée des banques et même, pour d’autres, celle des professions assermentées (notaires, huissiers, etc.). Or, après presque dix ans de fonctionnement du protocole de Bitcoin et la découverte par le grand public du mot « blockchain » – The Economist faisait sa couverture sur la « machine à confiance » en 2015 –, quel bilan peut-on dresser de cet élan initial ?
Régis Delayat, La révolution blockchain de l’assurance
Sous le double effet de l’explosion des technologies et de l’évolution des usages, les assureurs ont, comme toutes les entreprises, profondément revu leurs modes de fonctionnement et de collaboration pour améliorer leur efficacité opérationnelle et développer leur activité, jusqu’à réinventer leurs modèles d’affaires. Ces transformations internes doivent à tout prix s’accompagner d’initiatives collectives pour révolutionner les interactions avec les clients et les fournisseurs au sein de l’écosystème assurance et tirer le meilleur profit de ces efforts. La technologie blockchain, mise au service de communautés comme l’assurance, est pleine de promesses pour enfin parvenir à automatiser en toute sécurité les échanges entre les différents acteurs sur l’ensemble de la chaîne de valeur du secteur, au bénéfice de tous. « Moins d’administration, plus d’assurance », la devise de B3i (Blockchain Insurance Industry Initiative), traduit parfaitement cette ambition d’une assurance plus abordable et plus efficace.
Mathilde Garotin, Jihane Khouzaimi et Jérôme Balmes, Blockchain, mythe ou réalité ?
Pour la blockchain, si les années 2016 et 2017 furent une ère d’expérimentations tous azimuts, l’année 2018 semble marquer le passage à une phase d’industrialisation pour de nombreux secteurs. De nombreux doutes subsistent pourtant et des mythes perdurent. Alors qu’en est-il vraiment ? et quel est le potentiel de la blockchain pour le secteur de l’assurance ? Éléments de réponse.
Laurence Hontarrède, Blockchain, enjeux et expérimentations d’une technologie de rupture
La blockchain est une technologie de stockage et de transmission, transparente et sécurisée, qui rend possible la traçabilité infalsifiable des informations. Le champ d’application de cette technologie est immense. Nous sommes tous concernés en tant qu’entreprises ou institutions mais aussi en tant qu’individus, car la blockchain touche la société dans son ensemble. Comment la blockchain permet-elle de redéployer les rapports de confiance au sein du corps social ? Comment utiliser le potentiel de cette technologie au service des clients et de la maîtrise du risque ? Au vu des premières expérimentations réalisées, comment sécuriser l’avenir de cette technologie ?
Jérôme Payonne, Blockchain et gestion des captives
La blockchain est une nouvelle façon de stocker des données de manière sécurisée et immuable, et de les organiser, notamment grâce aux smart contracts qui peuvent y être associés. Elle pourrait permettre des transactions sécurisées, infalsifiables et instantanées entre clients, assureurs et réassureurs. La stratégie d’Allianz est d’en explorer les usages potentiels et de créer des solutions pilotes adaptées aux besoins des clients, afin d’être prêt à agir à plus grande échelle quand le moment sera venu. C’est ainsi qu’Allianz Global Corporate & Specialty (AGCS) a lancé un prototype de blockchain pour le marché des captives d’assurance.
Jean Devambez et Khai Uy Pham, Comment la blockchain peut fluidifier la distribution de fonds
La chaîne de blocs (blockchain) va-t-elle permettre de construire le Web 3.0, comme l’a récemment affirmé Joseph Lubin, cofondateur d’Ethereum ? Une nouvelle génération d’Internet qui proposerait cette fois une gestion décentralisée de la donnée et des transactions basée sur un échange sécurisé de la valeur dans un réseau de pair à pair (peer-to-peer), mais qui ouvrirait certainement la porte à des modèles économiques totalement nouveaux. En partie couverte par les débats sur les risques et l’opacité des cryptodevises (cryptocurrencies) comme le bitcoin et des processus d’offre au public de jetons (Initial Coin Offering – ICO) non régulés, cette question est en réalité fondamentale pour le secteur financier. Autrement dit, la blockchain peut-elle dans un contexte parfaitement régulé et transparent apporter des solutions nouvelles à cette industrie pour non seulement réduire les coûts, améliorer la qualité de service et la fluidité des échanges mais également créer de nouvelles offres ?
Julien Raimbault, Blockchain, bientôt une réalité pour la gestion d’actifs
Cloud, big data, intelligence artificielle, robots et… blockchain ; le digital est partout, dans tous nos journaux, sur tous nos écrans, de toutes les conférences. Mais la blockchain, qu’est-ce que c’est ? Et à quoi cela peut-il bien servir vraiment, pour nos clients ou pour nous-mêmes ? De nombreuses applications peuvent être imaginées, dont certaines sont maintenant plus proches de la réalité que du rêve. Parmi elles, la souscription de parts de fonds est sans doute l’une des candidates toute désignée. Et d’autres suivront, au fil des progrès technologiques et réglementaires.
Jean-Pierre Grimaud, Blockchain et gestion d’actifs, un potentiel à explorer
Depuis quelques mois, nombre de séminaires et d’articles en tout genre sont consacrés à l’apport de la technologie blockchain dans l’économie. Pour être à la mode, il suffit de dire ce mot et les oreilles se tendent sans que tout un chacun comprenne véritablement ce qui se cache derrière cette « chaîne de blocs ». L’objet de cet article n’est pas de décrire les mécanismes de cryptage, ni ceux du fonctionnement de la blockchain, mais de mettre en avant les avantages que l’industrie de la gestion d’actifs pourrait trouver dans l’utilisation de la technologie. C’est en particulier dans la gestion des passifs des fonds d’investissement que l’apport peut se révéler majeur pour autant que les parties prenantes s’approprient le sujet.
Faustine Fleuret et Pierre-Charles Pradier, Stratégie des pouvoirs publics en matière de chaînes de blocs
Quel intérêt les pouvoirs publics portent-ils au développement de la chaîne de blocs ? Cette technologie souffre actuellement de deux maux : d’une part, elle est l’objet d’un engouement qui ressemble à une bulle spéculative, d’autre part, la comparaison avec l’intelligence artificielle n’est pas à son avantage. Comme l’indique le rapport Villani, l’IA apporte outre « l’innovation technologique […] une innovation dans les usages, services et produits, les modèles économiques, les modèles marketing et commerciaux, les modèles d’organisation, et bien sûr […] une innovation sociale ». Par comparaison, les applications de la chaîne de blocs devraient certes permettre de baisser les coûts ou d’améliorer la sécurité mais seulement en matière de manipulation et de stockage des données : l’impact serait donc limité. On peut néanmoins s’attendre à ce que les entreprises la mettent en œuvre sans incitation particulière, pour des raisons économiques, comme l’illustre le présent dossier. Toutefois, le progrès des infrastructures de financement intéresse la Direction générale du Trésor (en particulier son service du financement de l’économie) car il conditionne l’efficacité de l’économie dans son ensemble. De plus, dans la mesure où ses usages touchent le public dans des domaines où elle est appelée à remplacer des mécanismes producteurs de confiance, la chaîne de blocs doit faire ses preuves, et l’État peut accompagner le mouvement à défaut de le produire. C’est dans cet esprit que deux ordonnances et un article du projet de loi Pacte ont été rédigés après une large consultation des parties prenantes, sous l’égide de la Direction générale du Trésor et des autorités administratives (en particulier l’Autorité des marchés financiers). Nous allons illustrer la stratégie des pouvoirs publics par la lecture de ces trois textes ; nous terminerons par une mise en perspective un peu plus théorique qui montre que la chaîne de blocs pourrait bien apporter quelques innovations sociales, même si la fièvre spéculative tend pour l’instant à faire oublier ce qui pourrait être essentiel.