Décidément, Risques aborde toujours les thèmes qui s’imposeront dans les débats des mois à venir. Il est évident que nous ne savons pas comment traiter les trois transitions auxquelles nous sommes confrontés, climatique, numérique, démographique ; et cela, ni sur le plan financier, ni sur le plan technologique.
Jusqu’à présent, peu de choses ont été dites sur ces deux sujets. Sur le premier, on constate à l’envi que l’on ne dispose pas aujourd’hui des montants et des canaux de financements suffisants pour investir dans ces trois ruptures essentielles. Sur l’autre, on en est encore au stade des spéculations et des grandes interrogations sur l’impact de l’intelligence artificielle sur l’emploi. Et puis ajoutons les crises géostratégiques, ce qu’elles impliquent en matière d’augmentation des dépenses militaires. Enfin, les risques encourus et les moyens que l’assurance offre pour les prendre en charge n’ont été que peu abordés. C’est particulièrement dommageable, car chacun sait que l’assurance crée la confiance des acteurs économiques et que la confiance crée la croissance. C’est d’ailleurs ce que nous dit Philippe Wahl, dans son interview très stimulante en présentant La Poste comme un acteur désormais majeur de l’assurance lorsqu’il la décrit comme un « réassureur du lien social ». Quelle superbe ambition pour le plus beau réseau de France de traiter à la fois des problèmes de solitude, de santé et pour tout dire de bien-être de toutes les populations sur notre territoire, y compris les plus isolées.
Bien entendu, en poursuivant notre démarche d’anticipation des risques, nous avons tenté de cerner le rôle que pouvait jouer les technologies les plus avancées, et évidemment en premier lieu l’intelligence artificielle, sur les modes de fonctionnement des entreprises de l’assurance, mais également ce risque si souvent évoqué, celui de la cybersécurité, pour lequel les solutions assurantielles sont encore à trouver. Second thème abordé, celui de la géostratégie. En effet, les assureurs se trouvent comme bien d’autres secteurs d’activité confrontés à un risque encore plus important, la guerre. Tout cela était inimaginable il y a quelques mois encore, mais, comme toujours, l’histoire est un éternel recommencement. L’impact de ces conflits armés qui n’ont jamais été prévus, car ils ne concernaient jusqu’alors que des zones très éloignées, et pour lequel peu de solutions ont été anticipées, est d’une ampleur inconnue jusqu’alors. Dans cette partie « Analyses & défis », il s’agit plus de déterminer les problèmes posés, qu’il s’agisse de la permanence des chaînes d’approvisionnement ou des chocs énergétiques. Mais là, comme précédemment, ce sont des problèmes radicalement nouveaux qu’il nous faut évoquer avec méthode, clarté et souci d’amorcer des solutions.
Une conclusion s’impose, tout cela peut rendre les produits d’assurance plus onéreux, même si les évolutions technologiques, au contraire, peuvent avoir un effet baissier. C’est cette question de l’évolution des prix de l’assurance que nous nous sommes posée dans un débat très vivant, car traitant autant des risques de dommages que de personnes. Sans surprise, il n’y a pas de réponse évidente, car les impacts de ces chocs et de ces transitions sont multiples. Notre objectif est de présenter les enjeux pour l’assurance de ces évolutions si brutales. À nous tous, désormais, de faire des propositions aussi nouvelles que les évolutions actuelles.