La revue Risques a été créée en juin 1990. Cela fait donc trente-trois ans que cette revue s’adresse à tous les publics concernés par le risque, assureurs, courtiers, économistes, experts en sinistres, universitaires et étudiants. Car oui, l’état de la connaissance et de la réflexion sur ces sujets concerne tous les aspects de notre vie collective et individuelle. D’une certaine manière, Risques a accompagné ce mouvement de pensée lancé par Ulrich Beck, qui faisait du risque une des clés de la compréhension du fonctionnement de nos sociétés. Et pour cela, la revue a beaucoup évolué tout au long de son existence.
Pendant quelques années, celles de la création et de la mise en place – très marquées par la présence de Denis Kessler -, c’est l’immense réservoir théorique mis à disposition des économistes, des sociologues, des historiens et des techniciens de l’assurance, qui fut développé.
Et puis, il y a une quinzaine d’années, France Assureurs, appelée à l’époque FFSA, décida de donner un nouveau souffle à la revue en l’articulant autour de quatre grands thèmes qui associent actualité et réflexion en profondeur. D’abord un grand entretien avec une personnalité parfois politique, parfois un responsable de premier plan du secteur de l’assurance, suivi de deux grandes rubriques, l’une Risques et Solutions plutôt empirique, l’autre Analyses et Défis avec un contenu théorique plus marqué. La quatrième rubrique intitulée Études et Débats, intègre des notes proposées par des lecteurs, particulièrement intéressantes, une revue des livres récents sur nos thèmes, et surtout le compte rendu de débats sur des sujets brûlants tel que celui de ce numéro, « Assurance et violences urbaines ».
Aujourd’hui c’est une nouvelle étape qui s’ouvre, avec à nouveau la volonté de diffuser le plus largement possible l’ensemble des réflexions qui animent notre milieu. Au-delà d’une forme nouvelle, c’est la prise en compte de l’explosion des risques, de leur assurabilité ou non, qui nous guide. C’est la raison pour laquelle ce numéro, véritable transition entre deux étapes, est tellement à l’image de ce que nous voulons faire. Tout d’abord, Florence Lustman, Présidente de France Assureurs, a souhaité rétablir une cartographie très actuelle des risques qui naissent aujourd’hui et se profilent comme structurants pour notre avenir. Ensuite, nous avons souhaité traiter des deux grands risques qui apparaissent comme fondamentaux dans le monde à venir, celui des évolutions climatiques et celui de l’évolution démographique. Ces deux risques ont en commun la même importance, tant sur le plan économique que sociétal, mais surtout leur évolution dépend largement de nos volontés politiques. Les premiers chiffrages laissent entendre des besoins d’investissement et de fonctionnement massifs, et pour décarboner et pour accueillir le grand âge. Lorsque l’on tente d’imaginer des solutions de financement, on ne peut qu’introduire l’assurance et la réassurance, mais sans cependant imaginer un instant que ce soient elles qui prennent en charge la totalité de ces gigantesques montants de coûts. Tout l’intérêt de ce numéro a donc consisté à identifier ce qui déterminera une large partie de nos défis à venir, à les qualifier, à les déterminer comme assurables ou non et à imaginer les autres prises en charges individuelles et collectives qui s’imposeront. Ce premier numéro du nouveau Risques est parfaitement au niveau de l’ambition que nous nous fixons pour notre revue : faire rayonner la connaissance du risque au service de la société entière.