Rarement, le monde de l’assurance ne fut plongé dans une situation économique et géostratégique mondiale aussi incertaine. Certes, ce n’est pas le seul secteur économique, loin de là, à être confronté aux chocs que connaît l’économie. Mais comme le dit la présidente de France Assureurs Florence Lustman dans l’interview qui ouvre ce numéro 133, l’assurance répare le monde réel et il est vrai que la description qu’elle nous donne de ces bouleversements de l’économie réelle rappelle cette mission très particulière non seulement de gestion des risques, mais de prise en charge de celles et ceux qui sont frappés par l’environnement que nous connaissons.
Oui c’est vrai, jamais le monde ne fut frappé de manière convergente par cinq exigences nouvelles liées à des chocs que notre monde a connus ou connaîtra. La plus évidente, c’est d’abord cette obligation que nous avons de lutter contre le changement climatique et de retrouver une trajectoire qui ne condamne pas une partie de l’humanité à des migrations non souhaitées, à des ressources insuffisantes, en un mot à l’impossibilité de vivre. Il faut bien voir que cette exigence fait partie des contraintes endogènes, c’est-à-dire dont nous sommes responsables et sur lesquelles nous sommes dans l’obligation d’agir.
Mais nous sommes également touchés par des dérèglements exogènes. Le plus lourd, c’est le vieillissement de la population mondiale. Pour être précis, il faut définir le terme comme étant l’accroissement de l’âge moyen de la population. On voit alors que ceci ne signifie pas la stagnation de la population mondiale qui devrait atteindre 10 milliards d’habitants en 2050. Mais la réalité du vieillissement est tout autre. Elle est liée à cette incroyable évolution de la médecine, des conditions de vie, à l’émergence d’une classe moyenne mondiale beaucoup plus importante, qui ensemble permettent d’augmenter l’espérance de vie. Mais les conséquences en sont très importantes. Pour les assureurs, il s’agit d’intervenir dans les domaines de la santé, de la retraite et de la dépendance. Il faut également canaliser l’épargne des Français vers des investissements jugés non risqués mais également créateurs de richesse dans notre pays. Et c’est là le coté passionnant de cette succession d’analyses développées dans Risques. Nous avons la position de France Assureurs sur l’émergence de nouveaux risques mais ensuite sont présentés les impacts du vieillissement et du choc inflationniste, qui est le principal changement que le monde connaît aujourd’hui.
Ne nous y trompons pas, ce qui apparaît parfois comme une série de contraintes peut être pensé de manière beaucoup plus positive. C’est ce que l’on découvre dans ce passionnant débat monté par la revue Risques sur le nouveau rapport au travail. Il nous faudra repenser dans les mois qui viennent aux quatre critères qui rendront de nombreux travaux beaucoup plus attractifs, la reconnaissance de l’utilité d’un métier, la rémunération, les conditions de travail et les perspectives offertes au long d’une carrière. C’est bien évidemment là que l’assurance jouera dans ces mutations un rôle majeur puisqu’au-delà de la réparation, elle est source de prévention et de protection.