Le fondement de l’assurance est la gestion des risques par leur mutualisation. Pour la réassurance, le même principe s’applique à la différence que les risques mutualisés par le réassureur proviennent de portefeuilles d’assureurs ou de réassureurs dans le cordon des rétrocessions (i.e. réassurance de réassureurs). Ainsi, la réassurance constitue et gère des mutualités de deuxième ordre par rapport à celles du marché direct de l’assurance.
La motivation des assureurs à céder leurs risques et domaines d’intervention aux réassureurs détermine les caractéristiques de l’activité des réassureurs : exposition aux catastrophes naturelles, prise en compte des évolutions démographiques comme la mortalité, internationalisation. Les grands réassureurs internationaux disposent ainsi d’une grande richesse d’information sur les risques complexes ou d’intensité qui leur permet de développer une très forte technicité et de jouer un rôle de conseil auprès des assureurs.
Ainsi, la rubrique « Risques et solutions » de votre revue est consacrée à la réassurance, qui est une industrie de pointe, à la fois technique et financière.
Dans le premier article, Marc-Philippe Juilliard analyse l’évolution du marché de la réassurance depuis plusieurs années pour nous montrer comment les conditions d’exercice adverses ont conduit les acteurs à adapter leur stratégie. Il souligne également que, malgré les défis qu’ils ont dû relever, les réassureurs disposent d’une marge de solvabilité élevée qui leur permet de rester compétitifs pour la suite.
Les deux articles suivants traitent de l’important phénomène des cycles – qui sont traditionnellement marqués en réassurance. Philippe Trainar s’appuie sur la théorie économique et les données empiriques pour étudier cette question et en conclut que l’on assiste davantage à une mutation des cycles qu’à leur disparition. De son côté, Thierry Myara analyse où la réassurance se situe en termes de cycle de prix pour constater que, malgré une sinistralité catastrophes naturelles en hausse, les prix restent bas du fait d’une capacité importante. Il s’interroge lui aussi sur les évolutions futures et les chocs que devraient constituer la technologie, les risques émergents et la conformité.
Bertrand Labilloy étudie l’organisation industrielle du marché de la réassurance. Face à l’oligopole que constituent les très grands réassureurs internationaux, peut-il subsister des acteurs de place, qu’ils soient publics ou privés ? Il répond à cette question de manière plutôt positive, soulignant que la diversité des acteurs est bonne pour le fonctionnement du marché et que les acteurs de place rendent souvent un service de qualité à leurs clients.
Benoît des Cressonnières analyse la réassurance en matière de crédit et caution. Cette activité est particulière parce que très proche d’un service financier et sensible à la conjoncture économique. Ce faisant, l’assureur et la cédante doivent lier des partenariats de long terme et déployer des stratégies de cession adaptées.
Cette rubrique se conclut par deux articles qui présentent les défis auxquels la réassurance doit faire face. Patrick Thourot insiste sur la volatilité croissante et multiforme de l’environnement des réassureurs : extension du domaine de risques, régulation prudentielle, marchés financiers chaotiques. Pour l’auteur, relever les défis consistera pour le marché de la réassurance à s’équiper afin d’être capable de gérer de façon plus robuste les risques très graves. Enfin, Laurent Montador analyse l’impact du big data sur la réassurance en montrant que cette révolution va toucher le cœur du métier : l’appréciation des risques mais également toutes les relations assureurs-réassureurs.
Bonne lecture !