Crise des prix des matières premières, crise grecque, Brexit, le risque pays est omniprésent dans l’actualité. Cela nous a conduits à y consacrer la rubrique « Analyses et défis » de votre revue.
Comme on le verra à la lecture des articles qui suivent, ce retour en force du risque pays s’accompagne d’une mutation de ses caractéristiques et d’un élargissement de son domaine. À l’origine, le risque pays se concentre sur des pays émergents endettés en devises étrangères et le facteur déclenchant des crises financières est très souvent la rencontre, parfois brutale, entre le cycle de croissance et le cycle financier. Depuis, le développement des marchés financiers a modifié la nature du risque pays qui touche désormais les pays développés, nécessitant de ce fait de nouvelles grilles d’analyse associant microéconomie et macroéconomie.
Pour le professionnel de la gestion du risque, praticien ou académique, le risque pays est un champ d’étude particulièrement intéressant, en particulier parce qu’il est multiforme. Interconnexion entre des cycles obéissant à des lois différentes, non indépendance des événements, facteurs géopolitiques, performance des entreprises sont autant de domaines à explorer et à exploiter.
La rubrique s’ouvre avec l’article de Stéphane Colliac, qui définit le risque pays comme le risque de survenance d’une crise dans un pays et des conséquences pour les investisseurs. L’auteur montre que la succession de crises s’explique souvent par la corrélation entre le cycle de croissance et le cycle financier.
Olivier de Boysson décrit les mutations récentes du risque pays, induites par le développement des marchés financiers et les mouvements de capitaux. Aujourd’hui, les crises ne se limitent plus aux pays émergents endettés en devises étrangères mais peuvent toucher les pays développés. Il propose un cadre d’analyse commun aux crises financières autour de trois facteurs : risque de transfert, risque de paiement et risque de performance.
L’article de William De Vijlder et François Faure analyse les mécanismes microéconomiques et macroéconomiques qui déterminent les cycles de risques pays. Plus précisément, les auteurs distinguent le risque politique et social, très lié au prix des matières premières, du risque crédit, plus large, conséquence de l’intégration financière, de l’augmentation de la dette privée et du ralentissement de la croissance.
François Meunier présente les enjeux et les défis de l’assureur crédit. En partant du rôle premier de l’assurance crédit, qui est de gérer les risques liés aux échanges avec les entreprises et aux délais de paiement, l’auteur souligne la nécessité d’une refondation du métier pour faire face aux transformations de l’économie.
Jean-Louis Laforge se place du point de vue de l’investisseur institutionnel. Selon lui, la dette souveraine est considérée comme un actif incontournable mais dont la gestion nécessite une analyse toute particulière des facteurs de risque et du rôle des banques centrales.
L’article de Xavier Guizot analyse la gestion du risque au sens large par une entreprise très internationale comme Carrefour. L’approche s’appuie notamment sur une culture forte du risque au sein de l’entreprise, une démarche de veille permanente ; elle mobilise de nombreuses ressources et expertises, tant internes qu’externes.
Pour clore cette rubrique, Yann Le Pallec présente l’impact du risque pays dans la notation des entreprises. Pour cela, il détaille la méthodologie utilisée par S&P Global Ratings pour mesurer les incertitudes auxquelles une entreprise internationale est exposée.