Rarement la revue Risques s’est confrontée avec autant de vigueur à l’ensemble des problèmes qui agitent le monde actuel. Mais nous ne nous sommes pas contentés de cela, nous nous sommes délibérément plongés dans les débats de politiques économiques et de géostratégie de cette année 2011. Tensions internationales, incertitudes sur le nucléaire, difficultés à mesurer l’impact de l’allongement de la durée de vie sur les finances publiques et privées, tel est le programme que nous nous sommes fixé. On aurait pu sans doute supposer que la tonalité générale des contributions conduirait à un regard désespéré sur le monde actuel. Jamais peut-être en effet, bien au-delà de la crise économique qui n’est toujours pas finie, nous avons eu à affronter autant de problèmes dans la gestion de notre planète. Il y a encore quelques mois, nous étions tous confiants dans l’aptitude du G 20, de création récente, à gouverner la sphère mondiale financière, ou tout au moins à éviter qu’elle ne connaisse de soubresauts trop perturbants. Mais le résultat ne fut pas, et n’est toujours pas, à la hauteur de nos espérances. Alors que dire des conflits potentiels ? Que penser des filières de production énergétique ? Comment résoudre le problème du vieillissement ? Les économistes ont souvent tendance à penser que le progrès technique, l’innovation permettront de redonner une dynamique à l’économie mondiale et l’aideront à surmonter les difficultés à cogérer les raretés mondiales. Sans aller jusqu’à cette vision si optimiste de l’évolution des choses, où l’innovation agirait telle une sorte de miracle salvateur, on trouvera en fait beaucoup d’optimisme raisonné dans ces pages. À savoir une sorte de regard confiant sur la rationalité intellectuelle, la capacité de résoudre les difficultés ou du moins d’en gérer les conséquences, pour peu que l’on analyse soigneusement les faits et que l’on se concentre sur ceux actuels et à venir. Une telle démarche est en fait une parfaite illustration du risque management. C’est toute l’ambition de ce numéro de Risques que de démontrer, dans ces trois domaines extrêmement complexes, son efficacité, tant sur le plan de la méthode que sur celui des résultats.