Depuis quelques années, la France est au centre des grands événements sportifs internationaux (GESI) : après une participation à la finale de la coupe du monde de football masculin en 2022 (qui a réuni un milliard et demi de téléspectateurs), elle a été l’hôte de la coupe du monde de rugby masculin en 2023 et des Jeux olympiques et paralympiques en 2024. Laurent Cellot et Olivier Porte nous montrent que sans les assureurs, ces GESI ne pourraient avoir lieu, car les diffuseurs n’engageraient pas des frais aussi considérables pour régler les droits de retransmission, et il serait donc impossible aux organisateurs de déployer les moyens considérables que nécessitent de tels événements, en particulier pour prévenir des risques de plus en plus complexes. C’est que, de manière générale, le spectacle sportif a changé de dimension, en passant d’une échelle locale où les spectateurs, les subventions et les sponsors du cru constituaient le tour de table à une échelle globale qui est désormais celle des media, des magnats, du marchandisage et des marchés : Wladimir Andreff détaille les conséquences de cette mondialisation financière du sport.
Le sport offre donc désormais une vitrine planétaire, et il est ainsi l’objet d’une réflexion stratégique pour les marques, et notamment pour les entreprises d’assurances. Jean-Marc Pailhol prend l’exemple d’Allianz pour montrer comment un investissement dans les sports innovants, les GESI et des stades de renommée mondiale permet de construire la notoriété d’une marque, mais aussi d’orienter le développement de la pratique sportive. Au point qu’on peut s’inquiéter de la prise de contrôle des intérêts financiers sur le sport professionnel, en particulier avec la multipropriété des clubs et la transformation des compétitions : Luc Arrondel et Richard Duhautois expliquent dans leur article les enjeux de la création d’une superligue de football en Europe, enjeux sportifs et financiers bien entendu. Les fonds alternatifs n’hésitent pas à spéculer aussi bien sur les clubs qui pourraient bénéficier de ces perspectives que sur les joueurs de football dont les valeurs de transfert atteignent des centaines de millions d’euros. Toutefois, la déconfiture récente de 777 Re doit inviter à la prudence, car certains actifs sportifs sont très volatiles et la comptabilité donne parfois une image exagérément avantageuse d’actifs immatériels dont la valeur historique peut disparaitre sans qu’il existe véritablement une valeur de marché récupérable.
Heureusement, l’investissement dans le sport des entreprises d’assurances françaises n’est pas spéculatif, puisqu’il vise à promouvoir les valeurs communes au sport et à l’assurance : l’engagement, l’esprit d’équipe, le dépassement de soi. C’est évident dans la contribution de Bruno Angles, qui rappelle la valeur d’un investissement de long terme dans une équipe cycliste, mais aussi dans la promotion du vélo de loisir et utilitaire, notamment à travers des actions de prévention, des événements et des campagnes de dons auprès de ses collaborateurs, de ses sociétaires et du monde associatif. Il faudrait ajouter ici que les assureurs rendent possible le sport au quotidien, en offrant des assurances de responsabilité obligatoire aux dix-sept millions de licenciés d’une fédération sportive en France, et une assurance dommages facultative à ceux qui ont la judicieuse idée de se protéger eux-mêmes. Ils assurent aussi la responsabilité des exploitants de terrains de sport et d’établissements scolaires, quel que soit leur statut : les Français ont fini par croire que c’était normal ; la crise de l’assurance de responsabilité aux Etats-Unis, depuis les années 1980, en privant les enfants des écoles pauvres d’une couverture, leur a interdit les activités sportives nécessaires à leur bienêtre et à leur développement.
Pour ceux qui auraient oublié les enseignements de la sagesse antique – c’est dans un corps sain que s’épanouit un esprit sain – Martine Duclos rappelle tous les bénéfices de l’activité physique et du « sport santé ». Les assureurs font évidemment leur miel de cette contribution positive du sport à la prévention des maladies non-transmissibles, et ils sont des partenaires fiables pour diffuser cette bonne nouvelle et les pratiques sportives associées. Reste que nous n’avons pas tous la chance de compter sur un corps sain, soit que nous soyons nés avec des handicaps, soit que la vie nous en ait fait faire l’expérience. Christian Schmidt de la Brélie montre comment le sport paralympique transfigure nos rêves : le culte de la performance ne suffit plus à nos sociétés modernes. L’effort et la réussite se doivent désormais d’être non seulement collectifs mais universels. L’inclusion est l’horizon d’un accomplissement qui n’est plus l’exploit d’une personne ou d’une équipe, mais un défi à l’échelle de l’humanité. Et ce ne sont pas des paroles mais des faits que l’assurance fait advenir.