Jean-Philippe Duranthon, Le retour des conflits armés, changement d’époque ou fin d’une illusion ?
« La guerre est mère de toutes choses, reine de toutes choses, et elle fait apparaître les uns comme dieux, les autres comme hommes, et elle fait les uns libres et les autres esclaves » : Héraclite nous avait prévenus mais depuis une trentaine d’années, ingrats, nous avions oublié, voire méprisé cette mère dont nous pensions pouvoir nous passer. Et la voici de retour.
Guy-Antoine de La Rochefoucauld, Le marché du Lloyd’s, trois siècles d’assurance et de réassurance
“For more than three centuries, the Lloyd’s market has been sharing risk to protect people and businesses, inspiring them to create a braver world” (John Neal, CEO Lloyd’s). Cet article présente Le marché du Lloyd’s qui résume trois siècles de l’assurance et de la réassurance tout en présentant les particularités à ce jour et en vue de son futur. C’est l’occasion de présenter les caractéristiques du Lloyd’s qui sont à la fois reconnues mais dont le fonctionnement reste souvent difficile à appréhender, en particulier le rôle de la Corporation du Lloyd’s. Cela sera l’occasion de revenir sur ces trois siècles d’existence qui montrent à quel point cette plateforme a et est toujours en train d’évoluer pour répondre aux besoins des partenaires et des clients. Un exemple de cette évolution est la création de la Compagnie d’assurance et de réassurance dédiée et agréée auprès des autorités belges afin de servir les clients européens. Enfin, conscient des risques de sous-assurance en partie due au manque de capitaux, le Lloyd’s propose des solutions à ceux qui souhaitent apporter leurs capitaux à ce marché.
Xavier Durand et Carole Lytton, Le rôle précurseur de l’assurance dans la prévention et l’atténuation des conflits
L’assurance a joué à bien des égards un rôle précurseur dans la prévention et l’atténuation des conflits. Dès le Moyen-Âge, l’asseurement a permis de mettre en place un mécanisme de protection contractuelle des individus contre des violences potentielles, assorti d’une possible indemnisation. L’assurance a été la première industrie à mettre en place des mécanismes alternatifs de nature amiable, comme l’arbitrage ou la médiation, pour le règlement de ses propres conflits. Enfin c’est la nécessité de protéger le transport maritime et terrestre des actes de piratage ou de brigandage qui a été à l’origine de la création des premières sociétés d’assurance.
Thibault de Woillemont, Les conséquences des conflits sur l’assurance-crédit
« La guerre est le tombeau des Empires », écrivait le général de Gaulle, en faisant référence au déclin des empires centraux et coloniaux à la sortie des guerres mondiales du XXe siècle. Et si le continent européen a connu une paix relative jusqu’à l’invasion russe de l’Ukraine le 24 février 2022, le monde, lui, n’a pas cessé d’être exposé aux conflits armés, que ce soit en Afghanistan (2001-2021), en Irak (2003-2011), en Syrie (depuis 2011), en Lybie (depuis 2014) et en Ukraine déjà, depuis 2014 également. Ces événements, au-delà de leur portée catastrophique pour les belligérants et populations civiles impliquées, ont également porté des coups importants à la sphère économique. En se penchant plus particulièrement sur l’impact de la guerre sur le secteur de l’assurance, on constate vite une relation entre les deux phénomènes. En effet, à la guerre et à ses conséquences immédiates sur l’ensemble de l’économie, succède en général une période de reconstruction et de reprise des échanges commerciaux – on peut penser à l’entre-deux-guerres (+29,7 % de PIB en France entre 1918 et 1930), mais surtout aux Trente Glorieuses (+270 % de croissance entre 1945 et 1973).
Frédéric Denèfle, La couverture des risques de guerre dans l’assurance maritime
Le début du XXIe siècle a été marqué par l’affirmation de politiques étatiques expansionnistes menées par de nombreux pays en vue de leur conférer un avantage décisif et un leadership durable au sein de la communauté internationale. Ces évolutions qui suivent aujourd’hui le mouvement de mondialisation de l’économie peuvent dans certains cas constituer les fondements de nouveaux affrontements en mer. Ces démarches nationales sur les espaces maritimes visent à contrôler les routes de leurs négoces internationaux. Elles servent dans le même temps à s’approprier des portions de plus en plus larges de territoires marins aux fins d’exploitation des ressources halieutiques ou minérales. Elles peuvent aussi avoir comme préoccupation la constitution de zones sous contrôle pour ériger un rempart supplémentaire contre toute menace extérieure venant de la mer (1).
La reprise active du conflit russo-ukrainien en février 2022 et ses conséquences sur le trafic maritime en Mer noire ont remis en lumière le poids et les enjeux de l’assurance du risque de guerre traditionnellement souscrite dans le cadre de l’assurance maritime couvrant les navires et les marchandises. Les conséquences de ce conflit sur les assureurs maritimes sont importantes et devront pousser cette communauté professionnelle à revoir l’analyse du risque ainsi que les outils permettant de piloter leurs engagements sur les zones maritimes et océaniques dans la mesure où les tensions entre Etats avec des répercussions fortes sur le domaine maritime, sont désormais de retour.
Christophe Graber, L’assurance et les conflits, le cas particulier de l’aviation
Où l’on reparle d’assurance aviation… En juillet 2020 (1), j’avais apporté un éclairage sur le panorama de l’aviation en France, ses schémas d’assurance, ainsi que l’impact de la crise Covid-19 sur notre industrie. Avec le conflit russo-ukrainien, nous voilà à nouveau plongés au cœur de préoccupations assurantielles tout aussi cruciales. Je disais à l’époque : « Ce qui vole aurait-il une tendance inéluctable à être volatil ? Les assureurs aviation doivent tenter de s’adapter à la volatilité (imprévisibilité ?) extrême des sinistres engendrés par le secteur (opérateurs d’aéronefs et constructeurs) ou disparaître ». La crise ukrainienne, et ses conséquences sur le secteur de l’aviation, ne démentiront pas le côté volatil et imprévisible auquel les assureurs ont de nouveau à faire face. Les questions qui se posent sont multiples, mais les plus essentielles, notamment pour nos clients, sont au nombre de deux : « Mon risque est-il assuré ? » ; et, plus généralement, « Mon risque est-il seulement assurable ? ».