La France est, comme jamais, confrontée à une nécessité absolue de bâtir une vraie politique économique innovante et rigoureuse. En fait, ce sont tous les pays de l’OCDE et singulièrement ceux de l’Europe qui ont la même difficulté. Il va falloir assumer de manière simultanée des investissements très importants dans le domaine de la transition énergétique mais bien au-delà, dans le domaine de la formation, du logement, de la réindustrialisation, de la mobilité et de la santé. Il est très difficile de chiffrer les besoins d’investissement nécessaires aux nouveaux fonctionnements de nos économies et de nos sociétés, mais on peut sans risque particulier imaginer que ceci représente trois ou quatre points d’investissement supplémentaires par rapport aux efforts actuels. Alors, chacun s’interroge sur notre capacité de financement, rappelle à quel point notre taux d’endettement public est très élevé, et constate que même des efforts gigantesques de réduction de déficit ne permettraient pas à terme rapproché de mettre l’Etat à contribution suffisante. C’est là où le rôle des assureurs dans les années qui viennent est absolument majeur. Il l’est à double titre.
Tout d’abord, l’épargne des Français, très importante, est largement intermédiée par l’assurance. Sans aucun doute, tout en respectant Solva 2, il nous faut arriver à canaliser, bien plus qu’aujourd’hui, des flux financiers destinés à ce socle d’investissement nécessaire à notre croissance. Tout le monde connait la difficulté majeure à faire prendre des risques à notre population vieillissante, et dont la majorité de l’épargne financière disponible est entre les mains des plus de 60 ans.
C’est là où ce numéro de Risques est au cœur même des interrogations actuelles et des solutions à leur apporter. Le principal acteur public pour réaliser nos ambitions est sans nul doute la Caisse des Dépôts. C’est la raison pour laquelle l’interview d’Eric Lombard est centrale car comme il nous le rappelle, la Caisse des Dépôts dispose de nombreux instruments nécessaires à la relance d’une dynamique de l’investissement socialement responsable.
Quant aux assureurs, leur rôle essentiel est partout, que ce soit dans l’investissement immobilier si nécessaire aujourd’hui, plus généralement dans la gestion de l’épargne, et sûrement dans la protection face aux conflits, même si pour nombre d’entre eux ils font l’objet d’exclusion dans les contrats d’assurance. Mais il est clair que dans les années qui viennent, si une triste prospective vient à se réaliser, les frontières traditionnelles de l’assurance évolueront et la prise en compte des risques de conflit se fera plus importante.
Enfin, la santé est au cœur même du rôle des assureurs, et là également, la frontière public-privé actuelle ne peut rester en l’état.
En conclusion, nous n’en sommes qu’au balbutiement du règlement d’un déséquilibre fondamental qui est celui existant entre l’investissement nécessaire et l’épargne disponible. C’est évidemment aujourd’hui qu’il nous faut mettre en place des solutions nouvelles et celles-ci s’appuieront massivement sur le secteur de l’assurance.