L’environnement de l’économie mondiale sera déterminé dans les mois qui viennent par quatre mots : fragilité, trajectoires, incertitude et rebond.
La fragilité est facile à comprendre. Jamais depuis un demi-siècle l’économie mondiale n’a été touchée simultanément par autant de chocs : géostratégiques, climatiques, inflation et évolution du rapport au travail liée à la pandémie de Covid-19. Ce qui est le plus en rupture avec notre passé récent c’est qu’au moins deux de ces chocs sont de nature exogène et que nous ne savons ni comment les contrôler, ni comment mettre en œuvre les politiques économiques et sociales adaptées.
Les trajectoires, ce sont celles que nos pays connaissent et qui déterminent largement leur capacité de réaction. La démographie, les gains de productivité, les relations sociales sont largement déterminés par l’histoire et c’est ce qui rend nos capacités d’action si limitées dans un premier temps. Pour en donner un exemple particulièrement illustratif, la bipolarisation de nos marchés du travail rend toute évolution des qualifications ardue.
Le troisième mot, celui d’incertitude, découle des réflexions précédentes. Faut-il privilégier une politique monétaire, une politique budgétaire ou les deux simultanément pour lutter contre l’inflation sans couper la croissance ? Comment peut-on augmenter le niveau des bas salaires sans remettre en cause notre compétitivité ?
Et la liste est longue de toutes ces interrogations qui surgissent et pour lesquelles les réponses sont si difficiles à donner parce que la situation dans laquelle nous sommes est totalement nouvelle et particulièrement complexe à analyser.
Le rebond n’est pas, comme on l’imagine, facile à réaliser mais ce numéro de Risques nous permet peut-être de lancer des pistes positives. Certes, le monde que nous décrit Sylvie Bermann dans son interview ne peut que nous inquiéter sur l’avenir d’un monde aussi segmenté et traversé par une multitude de conflits potentiels ou réels, mais les thèmes évoqués dans ce numéro donnent à espérer et mettent en lumière le rôle majeur que l’assurance jouera dans les années qui viennent.
La jeunesse, notamment en France, est clé non seulement dans la reprise de l’activité mais aussi dans la mise en place d’une croissance durable, plus respectueuse de l’environnement et des équilibres sociaux souhaitables. Faut-il encore que nous permettions à cette jeunesse d’épanouir ses talents et l’assurance joue sans aucun doute dès à présent ce rôle fondamental de sécuriser, et donc de permettre de prendre des risques.
Même chose pour l’inflation. Elle joue évidemment un rôle déterminant dans l’évolution de l’assurance et donc de la capacité à protéger, à financer, à investir.
Tout nous montre que les assureurs, conscients des enjeux, sont parfaitement capables et déterminés à surmonter les difficultés nées de l’évolution incontrôlée des prix.
Le pessimisme qui règne partout se comprend aisément. Mais en réalité, nous avons essayé dans ce numéro de Risques de mettre en lumière une partie des solutions qui permettront de passer ce cap si difficile.