Philippe Trainar, Introduction
Pascal Demurger, « L’entreprise du XXIe siècle sera politique ou ne sera plus »
Notre représentation traditionnelle de l’entreprise fait qu’elle est à elle-même sa propre finalité. Elle n’a pas d’autre objectif que sa profitabilité et sa croissance. À l’inverse, considérer que l’entreprise est politique, c’est considérer qu’elle a un rôle à jouer face aux nouveaux défis auxquels nous sommes confrontés sur le plan social et environnemental. Réchauffement climatique, crises sociales à répétition en France et dans le monde, risques liés aux bouleversements technologiques… Je pense qu’il est urgent d’agir, et que les entreprises doivent assumer leur part de responsabilité.
Christine Albanel, RSE, nouvelle frontière
Pour de nombreuses grandes entreprises de nos pays occidentaux, la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) est vraiment une nouvelle frontière. Économie circulaire, neutralité carbone, énergies renouvelables, inclusion, prise en compte de la diversité, conditions de travail éthiques, autant de déclinaisons, devenues familières, de cette responsabilité sociale et sociétale. Une évolution majeure donc, mais qui ne vient pas de nulle part. C’est le résultat d’un long processus engagé depuis des décennies, et qui connaît désormais une accélération inédite. Tout va très vite, et partout, au point que les ambitions environnementales et éthiques occupent aujourd’hui une place de choix dans les plans stratégiques des groupes et des sociétés, et dans leur communication.
Francis Claude, L’actuariat industriel, une réponse technique à l’intégration de la RSE dans les entreprises non financières ?
Le développement durable mis en œuvre à l’échelle de l’entreprise modifie de fait son modèle d’activité et de raisonnement à un niveau logique d’apprentissage supérieur à celui de son seul environnement concurrentiel. Ce « méta » positionnement entraîne une reconfiguration de sa gouvernance pour s’approprier cet autre niveau logique. Or, le profit étant contingent à la seule structure du secteur concurrentiel, pour relier durablement efficacité de l’action collective et responsabilité de l’entreprise, ne faudrait-il pas un nouvel objet au centre de cette gouvernance qui soit, lui aussi, d’un niveau logique supérieur ?
Dorothée de Kermadec-Courson, De la RSE à la SRE, stratégie responsable de l’entreprise
L’enjeu d’un développement durable a émergé il y a un peu plus de trente ans. De nombreux acteurs se sont mobilisés et parmi les premiers, le secteur de l’assurance qui publiait ses engagements pour une assurance responsable dès 2009. Pourtant le survol de la situation actuelle conduit à s’interroger sur l’impact réel de la responsabilité sociétale des entreprises (RSE), alors qu’entre-temps l’urgence est devenue évidente. Une remise en cause de notre représentation de notre rapport au monde est nécessaire pour qu’elle devienne vraiment transformante.
Marie-Doha Besancenot, La responsabilité sociétale d’entreprise, entre résilience et performance
La COP 21 a formulé le défi en 2015 : « Un monde à +2° C pourrait encore être assurable, un monde à +4° C ne le serait certainement plus ». L’explosion de la responsabilité sociétale d’entreprise (RSE) qui a suivi entend répondre à l’urgence climatique et au sentiment que le capitalisme, arrivé au bout d’un cycle, doit être « moralisé » et réorienté vers le grand sujet d’intérêt général qu’est le sauvetage de la planète. Pour les entreprises, la RSE est devenue à la fois un enjeu réglementaire, concurrentiel et de confiance vis-à-vis du client-citoyen. Son caractère émotionnel, inflammable, en fait un sujet de résilience majeur.
Guillaume Levannier, L’investissement face au risque de transition énergétique
L’évolution climatique récente entraîne de nouveaux risques financiers. Parmi eux, les risques de transition résultent des effets de la mise en place de politiques publiques visant à réduire les conséquences du changement climatique. Ces risques pèseront, à moyen terme, sur la valeur des actifs financiers. Les investisseurs doivent donc anticiper les risques de transition et les valoriser au mieux au travers, notamment, d’un meilleur prix du carbone.
Pierre Valentin, L’ISR, une nouvelle approche du risque ?
Le fort développement de l’investissement socialement responsable (ISR) auquel on assiste depuis quelques années a provoqué parallèlement un grand essor des travaux de recherche sur l’utilisation de critères extra-financiers (environnementaux, sociaux et de gouvernance) dans la gestion d’actifs. Les résultats sont de plus en plus concordants et établissent généralement que la gestion ISR enrichit la gestion des risques des portefeuilles. Le développement de l’ISR devrait se poursuivre dans les années qui viennent et il sera notamment intéressant de mieux comprendre quels sont les critères extra-financiers les plus déterminants pour la performance financière et la minimisation du risque.
Jean-Brieuc Le Tinier, Darty Max, une création de valeur responsable pour l’ensemble de nos parties prenantes
Certains voudraient croire que le secteur de la distribution serait le vecteur d’une consommation débridée, principale responsable de l’épuisement des ressources de notre planète. On peut toutefois dépasser les caricatures de la « société de consommation » en promouvant la réparabilité des produits dans le cadre d’une véritable démarche RSE soucieuse de l’impact sociétal et environnemental. Un tel engagement comporte des risques car c’est l’entreprise qui assume finalement les conséquences de son obligation contractuelle de réparer. Mais ce risque ne vaut-il pas d’être pris ?