Charlotte Dennery, Introduction au dossier
Pierre Martin, Le risque capital
Brissot, le révolutionnaire, écrivait en 1792 : « Dans toute démocratie, les lois doivent détruire et prévenir la trop grande inégalité de fait entre les citoyens, sans cela l’égalité de leurs droits serait une chimère : l’indigent se vendrait au riche, et celui-ci dominerait. Mais ces institutions favorables à l’égalité doivent être introduites sans commotion, sans violence, sans manquer au premier des droits sociaux, la propriété… ». La France qui fonde la Révolution de 1789 sur la table rase du passé, fiscal notamment, entretient un rapport paradoxal à la fiscalité du capital. Pour comprendre les dynamiques économiques mais aussi sociales de l’imposition du capital, essayons de restaurer, non pas la monarchie, mais quelques étapes de la fiscalité du capital depuis le XIXe siècle.
Christian Carrega et Marion Arnaud, Préfon, à l’origine des fonds de pension à la française
En 2017, Préfon-Retraite constitue le plus important régime supplémentaire de retraite souscrit à titre personnel avec 16 milliards d’euros d’encours. C’est à ce jour l’un des plus anciens régimes en capitalisation du système de retraite français. Conçu dès l’origine dans un cadre professionnel, Préfon-Retraite a été créé en 1967 dans le but de proposer aux fonctionnaires et assimilés la possibilité de souscrire de façon supplémentaire et facultative à un dispositif de rente viagère [Arnaud, 2014]. Longtemps tenu à distance de la scène publique en raison de sa nature para-institutionnelle, du caractère catégoriel de son offre et de la force de l’opposition idéologique à la technique de la capitalisation, le régime avait été présenté dans les années 1990 comme « le précurseur des fonds de pension à la française » et il a directement servi de modèle pour l’évolution de l’architecture du système de retraite. Témoin le plus éloquent de cette influence, c’est autour du projet de proposer la « Préfon pour tous » que le président de la République avait annoncé la création des nouveaux dispositifs de retraite en capitalisation qu’allaient être la Rafp, les Perp et les Perco . Afin de situer les enjeux relatifs à la place de Préfon-Retraite dans le système de retraite français, cet article détaille le modèle de retraite par capitalisation proposé par le régime, présente les spécificités de son modèle et revient sur les enjeux contemporains liés à son adaptation aux évolutions de son environnement.
Laure Delahousse, Le Perco a-t-il réalisé ses ambitions ?
Le secteur de l’immobilier offre des solutions d’hébergement spécifiques en fonction des besoins des seniors. Ces besoins ont un coût qu’il vaut mieux financer au travers du patrimoine accumulé au cours de la vie active. Or une grande partie du patrimoine accumulé est investie dans la résidence principale du senior. Ce patrimoine, qui répondait à un besoin propre, peut être utilisé au travers du viager pour financer les nouveaux besoins des seniors tout en leur permettant d’en conserver l’usage.
Philippe Desfossés, Comment développer une capitalisation individuelle en France
Les réflexions en cours sur la réforme des dispositifs de retraite nécessaire pour garantir aux Français qu’ils continueront de bénéficier d’un taux de remplacement satisfaisant lorsqu’ils ont effectué une carrière complète pourraient utilement intégrer l’expérience de l’Erafp et les propositions qui permettraient de la décliner sous forme de produits de rente réversible en points.
Yves Chevalier et Olivier Rousseau, Le Fonds de réserve pour les retraites
Créé en 1999, le FRR a été érigé en établissement public autonome en 2001. L’installation officielle de cet établissement est intervenue en 2002 et les premiers investissements diversifiés sur les marchés financiers ont été réalisés à compter de juin 2004. Dans le sillage de la crise de 2008-2009, la réforme des retraites de 2010 a profondément changé le modèle économique du FRR qui a su adapter sa politique financière pour garantir un haut degré de sécurité pour le paiement de son passif tout en générant un surplus aussi élevé que possible à l’horizon 2024. Outil de financement dédié à la solidarité entre les générations, le FRR a, dans une première étape de son existence, été conçu pour apporter des ressources au système de retraite après 2020, puis, à compter de 2011 est devenu un outil destiné à accélérer l’amortissement de la dette sociale constituée par les générations actuellement à la retraite. La situation inédite créée par la baisse sans précédent des taux d’intérêt et la modestie de la croissance potentielle l’ont peu à peu conduit à modifier son allocation d’actif en la réorientant, pour une part significative, vers le financement de l’économie française.
Thomas Groh, Les réformes de l’épargne retraite dans la loi Sapin 2
La loi Sapin 2 a modifié substantiellement la réglementation de l’épargne retraite dans un double souci de protection renforcée de l’épargnant et de meilleur financement de l’économie. Outre la création des « fonds de pension à la française », qui visent notamment à favoriser les investissements en fonds propres des régimes de retraite professionnels, cette loi a réformé les règles de pilotage des régimes de retraite par points, en les rendant plus flexibles et transparents pour les épargnants. Enfin, elle a renforcé les obligations d’information des assureurs afin de garantir la bonne liquidation des contrats d’épargne retraite et ouvert de nouvelles possibilités de déblocage des Plans d’épargne retraite populaire (Perp) à faible encours.
José Bardaji et Sylvestre Frezal, Quel schéma contractuel optimal de retraite par capitalisation ?
La retraite par capitalisation ne représente que 2 % des prestations en France contre 17 % en moyenne pour les pays avancés. Elle pourrait toutefois connaître un essor, en raison des réformes évoquées et des dernières projections du Conseil d’orientation des retraites (COR), plus défavorables qu’escompté. De fait, il existe une opportunité de la développer dans un cadre gagnant-gagnant où l’épargne destinée à la retraite serait davantage placée en actions, au service du financement de l’économie productive ; et où en regard, ces actions offriraient une perspective de rentabilité supérieure sur le long terme, au service du revenu des Français. Ce gain n’est toutefois envisageable que si les acteurs économiques prennent des risques. L’épargnant acceptera ce risque d’autant plus volontiers que la stabilité et la croissance de son patrimoine seront assurées. L’investisseur prendra lui d’autant plus de risque à l’actif de son bilan qu’il ne sera pas contraint par une volatilité excessive à son passif. Dans ce cadre, les lignes qui suivent ambitionnent d’apporter les fondations du schéma contractuel le plus pertinent.
Stéphane Dedeyan, Pour une modernisation de la retraite par capitalisation
La retraite supplémentaire par capitalisation, parfois appelée troisième pilier (le premier correspondant aux régimes obligatoires de base et le deuxième aux régimes complémentaires professionnels) a pris une place significative en France. Cette installation s’est faite par étape, à la fois par extension aux différentes catégories professionnelles (notamment les indépendants avec la loi Madelin de 1994) puis en allant au-delà d’une démarche catégorielle (notamment avec la loi retraite de 2003 créant le Perp). Néanmoins, le poids global de la retraite par capitalisation reste encore insuffisant pour répondre aux enjeux de soutenabilité du système de retraite dans son ensemble. En la matière, le statu quo ne peut être vu comme une option durable. Il apparaît essentiel de prendre des mesures de simplification, d’harmonisation et d’incitation en faveur des produits de retraite par capitalisation pour consolider et développer ce pilier. À cet égard, les idées ici évoquées pourraient parfaitement s’inscrire dans la démarche d’ensemble souhaitée par les pouvoirs publics de rapprochement des droits des futurs retraités. Retraités qui doivent, d’une façon générale, être mieux accompagnés et informés de leur situation face à la retraite.