Les marchés de matières premières restent un facteur de risque important pour l’économie mondiale. Les variations de prix ont des conséquences directes sur la consommation et les cycles industriels dans les pays développés, et des conséquences immédiates et dramatiques dans les pays émergents. Sur ce thème de la volatilité de ces marchés, Risques a réuni des contributions prestigieuses et variées pour comprendre ce phénomène et imaginer des solutions de gestion des risques.
Patrick Artus rappelle que depuis maintenant plus de dix ans, la volatilité des marchés de matières premières est très forte. Cette instabilité affecte directement les équilibres économiques mondiaux et force les pays producteurs à des ajustements brutaux des dépenses publiques, quand les pays importateurs doivent modifier leur politique monétaire.
Philippe Chalmin explique, en historien, les profonds changements qui ont affecté les marchés de matières premières au XXe siècle ; changements qui ont eu pour conséquence une augmentation de l’instabilité de ces marchés. Il plaide pour une régulation et une transparence plus grandes de ces marchés.
Philippe Laurier explique que la volatilité de ces marchés s’est amplifiée depuis l’abandon de l’étalon or. Dès lors, les marchés de matières premières sont devenus le terrain d’application privilégié des spéculations monétaires.
Pour Daniel Zajdenweber, les marchés de matières premières connaissent des volatilités communes à tous les marchés boursiers. Il dégage des facteurs « intrinsèques » de cette volatilité, comme la symétrie entre les vendeurs et les acheteurs et la réactivité à l’information. Pour autant, les marchés de matières premières sont plus risqués que les marchés d’actions. D’une part les matières premières ne versent aucun dividende, d’autre part, elles ne gèrent pas leur cote car ce ne sont pas des entreprises.
L’article de Steve Ohana complète cette analyse en fournissant des instruments de prédiction des « bouffées » de volatilité que connaissent périodiquement les marchés de matières premières. Sa méthodologie très originale permet d’entrevoir des instruments de pilotage de la volatilité qui seront centraux dans une politique de réduction des risques.
Jean-Marie Chevalier montre comment les risques portés par les systèmes énergétiques sont au cœur de toutes les préoccupations de l’époque. Il y a d’abord les risques climatiques puisque notre système énergétique est le plus grand contributeur de gaz à effet de serre. Il y a aussi d’autres risques associés à l’énergie, comme par exemple les équilibres entre les prix et coûts du système qui ont des conséquences économiques et géopolitiques considérables. Enfin, les risques qui portent sur l’approvisionnement sont aussi très importants. Tous ces risques expliquent les difficultés à faire évoluer ce système à l’échelle mondiale, sans une volonté politique forte.
Une piste en ce sens est peut-être dessinée par Kadidja Sinz qui rappelle que la couverture du risque nucléaire a fait l’objet d’une construction singulière, basée sur des conventions internationales et des engagements du secteur public et des marchés d’assurance et de réassurance.
Pour Bertrand Munier, la volatilité sur les marchés agricoles n’est pas différente de celle qui existe sur les marchés financiers et il introduit trois mesures de la volatilité qui permettent ces comparaisons et ouvre l’idée d’un contrôle de la volatilité sur ces marchés.
Patrick Thourot montre comment un système d’assurance peut devenir un instrument de politique économique. L’assurance agricole aux États-Unis est très complète puisqu’elle couvre les revenus et les rendements, c’est-à-dire les aléas économiques de variation des prix et les aléas climatiques qui affectent la production. Les polices de base sont gratuites et les garanties complémentaires largement subventionnées. Ce système contraste avec celui beaucoup plus libéral qui existe dans l’Union européenne.