La période que nous vivons est marquée du sceau de l’incertitude. En effet, rarement conjoncture économique et sociale fut aussi délicate à percevoir, situation politique dans le monde plus difficile à définir, projection de l’avenir particulièrement complexe et peu fiable. Ces problèmes si propres à la période, nous avons tenté de les approcher à travers trois interrogations différentes, que seul le mot « risque » réunit. Comment définir un nouvel équilibre dans les rapports sociaux de notre pays ? Comment utiliser et maîtriser les immenses ressources que nous fournissent aujourd’hui les techniques numériques ? Comment, enfin, rétablir des relations au travail à la fois confiantes et efficaces ?
C’est tout d’abord Raymond Soubie, expert entre les experts du dialogue social, qui nous éclaire de son expérience au moment où chacun sent que la protection sociale dans son acception la plus large, retraite, santé, formation professionnelle, allocation chômage, dépendance, politique familiale et de prévoyance, doit faire l’objet d’un nouvel équilibre. Cet entretien nous permet de comprendre comment une politique sociale rénovée peut faire accepter une répartition différente des prestations fournies à chacun d’entre nous, tout en rendant la protection individuelle plus efficace et en favorisant la croissance.
Ce regard sur la politique sociale entend englober l’ensemble de la société française. Ce n’est plus tout à fait le cas, du moins pour l’assureur, lorsqu’il utilise les techniques du big data car évidemment, le résultat même des analyses extrêmement fines que celui-ci permet, conduira obligatoirement à spécifier les risques et donc la protection assurancielle de groupes homogènes. C’est là tout le défi de l’utilisation par les assureurs de ces techniques en devenir : ne pas céder à une tentation trop forte de démutualisation.
Puis, on plonge plus encore dans des communautés réduites, celles des entreprises, en s’interrogeant sur les risques psychosociaux que l’on peut connaître au travail. C’est à la fois un sujet d’actualité brûlant, notamment à travers les drames personnels que certains salariés ont pu connaître dans leur travail, allant jusqu’au suicide, et un défi naturel pour les assureurs que de découvrir, définir et maîtriser ces nouveaux risques.
Ainsi on retrouve ce mal du siècle, penser à long terme. Et sur chacun des trois thèmes évoqués, les nouvelles interrogations qui se posent aux gestionnaires de risques, sont d’une certaine manière les processus qui les conduisent à revenir au centre dans la gestion de nos sociétés.