Autrefois, le monde du crédit et de l’assurance crédit était simple et bien ordonné. Il y avait, tout au centre, le risque zéro, réputé être celui du risque souverain de l’État dont la monnaie était la plus fiable. Et longtemps, par facilité, les modèles ont considéré que la dette américaine représentait ce risque zéro, même si tout le monde sait que celui-ci n’existe pas.
Autour de ce risque, il y avait une première zone verte, très verte, du risque souverain des pays de l’OCDE ; certes, il pouvait de temps en temps survenir une crise financière, mais ce risque restait bon et vert.
Juste derrière ce risque souverain, allant de vert pâle à vert plus vif, il y avait les risques de crédit court terme des entreprises ; et plus elles étaient importantes et plus leurs activités se déployaient au cœur de l’OCDE, plus le risque était vert.
Au-delà de ces zones de relative sécurité, la couleur devenait orange, puis nettement rouge au fur et à mesure que le cercle s’élargissait autour de l’OCDE et du risque souverain, vers celui d’entreprises opérant dans des contextes politiques, législatifs et réglementaires douteux.
Une première révolution copernicienne de ce bel ordonnancement est apparue avec les crises financières et monétaires des pays émergents des années 1990. Elle a consisté à considérer de plus en plus que des grandes entreprises pouvaient avoir des notations, des risques de crédit de meilleure qualité que ceux de leur pays d’origine, même si ces entreprises étaient de fait nationalisées. Ainsi, Gazprom ou Sonatrach ont très vite bénéficié de risques crédit supérieurs à ceux de l’État russe ou algérien.
Et puis, tout s’est effondré : la crise de 2007, puis la faillite de Lehman Brothers en 2008, puis les doutes sur la dette américaine à l’été 2011 et encore plus sur les dettes de l’eurozone depuis l’automne ont provoqué une révolution d’un autre ordre, plus radicale.
Il était impératif pour Risques de revisiter ce territoire de l’assurance crédit et du risque politique pour comprendre comment les assureurs spécialisés, mais aussi des académiques interprétaient ces évolutions et ces ruptures.
Grâce à Christian Schmidt, nous entamons aujourd’hui le premier volet d’une analyse d’une approche assurancielle du risque souverain et du risque de crédit.
Une seconde approche plus financière sur le régime des notations et la nature du marché des CDS suivra en 2012 ce dossier qui est d’une actualité très… présente.