Ce numéro de Risques est au cœur de l’actualité. Non pas l’actualité immédiate, mais celle qui annonce les bouleversements auxquels la société française et, d’une manière plus générale, les pays de l’OCDE vont être confrontés. Jamais en effet nous ne fûmes si attachés à esquisser l’avenir, ou plus précisément la manière dont le secteur de l’assurance se trouvera remis en cause par les conséquences de la crise et de la réorganisation de l’économie mondiale qui en résultera. Mais, dans tout cela, aucune certitude, beaucoup d’interrogations, et des choix à faire tels que ce fut rarement le cas. La plus belle illustration de cette réflexion est évidemment celle qui touche aux évolutions des taux d’intérêt. Nous avons assisté, très intrigués, à cette lente mais très forte décrue des taux à long terme et nul ne peut prévoir si elle sera pérenne, si elle peut encore se poursuivre ou si, au contraire, nous serons les spectateurs inquiets d’une rapide remontée de ces taux. Chacune de ces hypothèses présente son lot de difficultés et d’inconvénients, mais celle que les assureurs redoutent évidemment le plus, c’est une remontée brutale qui pourrait les mettre en péril. Alors, nous avons examiné le risque de taux d’intérêt avec la probabilité de son occurrence, et surtout les conséquences que cela pourrait avoir sur les comptes des assureurs vie.
Mais nous avons voulu aussi privilégier dans ce numéro le regard que porte Raphaël Hadas-Lebel, président du COR, sur la réforme des retraites. Bien entendu, sa position lui interdisait de s’engager dans un jugement sur les propositions actuelles, mais le fait est marquant qui ressort de son interview, c’est de comprendre le rôle incomparable que peut avoir une institution telle que le COR, composée des représentants des parties prenantes et fournissant au débat public des éléments inattaquables sur la situation actuelle et à venir. Enfin, chacun sait que le secteur de l’automobile sera peut-être le plus touché par le transfert d’activités des pays de l’OCDE vers les pays émergents. Ce que l’on sait moins, c’est que, progressivement, la vente d’automobiles cédera la place à la vente d’un service dont l’objet automobile demeure l’élément majeur mais qui se voit changer de nature, car tant à son achat qu’au financement de celui-ci pourrait se substituer un service de mise à disposition d’un moyen de transport. Bien entendu, l’assurance est partie prenante de cette évolution et toute une série de questions s’impose alors : quel est le rôle des assureurs, qui prend en charge le coût de l’assurance… ? On le voit, ce numéro est plus porteur d’interrogations que de certitudes, mais tel est l’état actuel de la réflexion en ce milieu de crise.